(L’Arbre à Paroles, 2014)
« Ce texte m’a été inspiré par l’œuvre Kapel van het niets de Thierry De Cordier, installée au Centre psychiatrique Saint-Norbert à Duffel (province d’Anvers). A travers le caractère « troué », ouvert, de l’architecture de cette chapelle, j’ai tout de suite vu un lieu d’écriture, ou plutôt un non-lieu où pouvait circuler l’indicible. Tout de suite, je voyais des mots s’écrire, circuler, dans ce silence, traverser l’espace non clos, non limité, des phrases se construire, se replier, s’étendre, en suspension dans le vide. L’extérieur noir, l’intérieur blanc, des murs, n’était-ce pas du même ordre que l’écriture sur une page : une inscription n’en finissant jamais de dépasser son cadre, un cheminement intérieur cherchant à sonder ce qui se trame dans la transparence ? Par sa porosité constitutive, la chapelle semblait capable de contenir et d’exprimer tout ce qui habitait invisiblement le vivant, sans le restreindre : l’incommensurable densité du rien. »
S.L.