(La Lettre volée, 2013)
Certains naissent posthumes, écrivait Nietzsche. Se peut-il dès lors qu’un grand poète échappe à l’attention de son époque ? Oui, cela se peut, aurait répondu Rilke. En témoignent l’œuvre et la vie de François Muir (1955-1997). En cause, le tempérament asocial du vrai poète, son étrangeté à la vie, son inhabilité à la guerre littéraire, l’apparent éloignement de sa poésie et la surdité de ses contemporains.
A travers le destin foudroyé de François Muir, Stéphane Lambert a voulu brosser le portrait tragique et lumineux d’un poète dans son temps : combien il nourrit, de sa propre expérience physique de l’existence, chacun de ses mots ; et combien le silence dans lequel il s’achemine l’isole du matérialisme ambiant. Mais au-delà de la création même, la vie du poète incarne à l’excès le balancement qui habite chaque vivant, et interroge la destinée de toute conscience confrontée à l’idée de sa disparition.
(Stéphane Lambert a également contribué au numéro 37 de la revue L’Etrangère, entièrement consacré à François Muir, avec un texte intitulé Une vie testamentaire.)