Bela. Pourquoi Rothko ? Qu’y a-t-il dans sa peinture et dans sa vie qui t’invite à la réflexion, à l’étude et à l’écriture ?
Stéphane Lambert. Tous ceux qui ont vu une œuvre de Rothko en vrai savent ce qu’elle recèle comme pouvoir d’attraction. Cela frappe comme une évidence. Et j’aime écrire sur les évidences qui s’imposent à nous, et essayer de les comprendre, ou plutôt de me rapprocher de ce qui les compose. Je venais d’écrire un texte sur les Nymphéas de Monet, qui s’est également imposé de cette manière. Je connaissais le travail de Rothko depuis très longtemps. Mon cousin qui est peintre me l’a fait découvrir à la fin de l’adolescence. Ça fait donc partie des fondamentaux pour moi. Je connaissais aussi l’existence de cette chapelle à Houston, et petit à petit le lien s’est fait avec le travail de Monet pour l’Orangerie. Il me semblait que ces deux démarches étaient de même nature. Je suis ensuite allé voir la superbe exposition qui s’est tenue à la Tate Modern en 2009 et qui se concentrait autour des œuvres de la dernière décennie de création, à partir des « Seagram » donc. C’est là que j’ai vraiment senti qu’il y avait, derrière ces écrans de couleur, une incroyable matière à écriture. Je suis resté deux jours à me promener dans les salles en prenant des notes. Le deuxième jour, pour me défaire des images obsédantes, je suis allé faire un tour du côté de la collection permanente, et je suis tombé sur un Rothko dans les tons vert-jaune juxtaposé à un petit panneau de Nymphéas de Monet : ce que j’avais pressenti se formalisait sous mes yeux, il y avait bien une communauté entre ces deux peintres… [lire la suite sur le site de Bela]