Puisque un jour sera le dernier, ce jour est déjà là inscrit dans chacun que l’on vit. On peut tourner les choses dans tous les sens : il n’y a pas d’autre explication à l’acte de créer, pas d’autre origine à nos errances dans les musées, à nos heures passées dans les livres. L’art qui est prière, disent mêmement Friedrich et Beckett. Et j’aime que cette pensée les unisse. De même que j’aime que l’art soit une chapelle où les âmes se retrouvent dans le même espace pour prier. J’aime cette adresse silencieuse, cette attente sans objet, ce pas de côté dans le cours de nos vies qui s’acheminent vers la même seconde où tout s’arrête. J’aime que mes pas dans les pas de Beckett et de Friedrich me mêlent à la même prière, qu’un chemin tracé par je ne sais quel réseau de convergences et d’impératifs intérieurs m’ait conduit à eux alors qu’un autre chemin tracé selon le même ordre mystérieux les a conduits à moi. On ne sait pas comment cela se trame. Comment on se rejoint. Ce qui fait l’évidence des rencontres.