Alors, quand il n’y avait plus rien eu à déplorer, il n’était resté que la certitude d’être dans la bonne direction, nulle perspective claire, une certitude fragile, et parfois ombrageuse, rien de statique, la conviction mouvante de creuser au bon endroit, sourcier illuminé et affaibli, qu’alimentait et renforçait la foi en son art, une foi combative, que n’arriveraient pas à atteindre l’indifférence ou le mépris. Après ce siècle qu’il avait enterré, un siècle nouveau était né, le monde avait changé, on le disait, de même qu’on devait dire de lui qu’il était terminé. Que son art était mort avec le siècle enfoui. L’impressionnisme n’impressionnait plus personne […] Car lui sentait qu’il n’était pas arrivé, qu’il n’était pas au bout du voyage – comment expliquer autrement son exceptionnelle endurance. Il sentait (la certitude) qu’il y avait encore des coups de pinceaux à donner, il y avait quelque chose devant lui, il en était certain. Ah ! et nul n’aurait pu croire, nul même ne voulait croire, à l’acharnement d’un artiste au terme de son parcours, au génie démodé, nul donc n’aurait pu se douter, si ce n’était ce cher Clemenceau, que le miracle viendrait de là, de Giverny, de ce combat solitaire et insensé contre des plantes et la lumière.