Souvent, la trouble impression d’être déjà mort et de marcher dans les pas d’une autre vie que la sienne. J’écris dans le noir. Je suis si peu sûr d’exister. Si quelque chose me pousse à écrire, c’est la folie de vouloir préciser la teneur de ces mots. Très souvent (toujours) l’écriture repose présomptueusement sur un détail qui aurait échappé à l’entendement général, qui serait à la source d’un malentendu, – et qui justifierait que l’écrivain s’y noie. Ecrire ce serait l’utopie de parvenir à la fin des choses par le truchement des mots. Tout est dit dans la peinture de Rothko. La fin a été atteinte. Il n’y a rien à ajouter. – Mais que faire alors, pour celui qui écrit, de cela qu’il a ressenti devant les œuvres de Rothko. Ce ne sont pas ses peintures que je veux reproduire en mots, ce sont mes propres émotions devant elles.