Personne. Malgré les allées et venues, le brouhaha des écoliers. Personne. Le peintre nous avait laissés seuls, abandonnés, sur une planète incompréhensible. Le moindre appel résonnait comme dans un théâtre vide. Ces peintures témoignaient de la vie comme si la vie s’était déjà enfuie, comme si la terre avait été désertée. D’où ce sentiment de hauteur, de mise à distance, qui excluait le visiteur de son propre univers, qui le mettait sur la touche là où il croyait encore être dans le jeu. Et personne, qui franchissait la porte de cette salle, ne restait indifférent.
Les « peintures noires » frappaient quiconque les observait d’un étrange sentiment d’attirance et de répulsion. Chacun sentait combien était vraisemblable le règne de l’épouvante, chacun avait rangé ce savoir dans la boîte noire de son inconscient. Mais les mauvais rêves d’une nuit terrible s’étaient imprimés sur les murs de la « maison du sourd », débordant du peintre comme les sédiments d’un fleuve, le remugle de l’âme.