— Léon Spilliaert (1881-1946)
J’avais passé la matinée au Musée des Arts de la Mer, à traîner devant l’incroyable collection d’œuvres de Spilliaert, qui y était rassemblée. La puissance hypnotique des autoportraits m’avait fait longtemps m’attarder. En haut de l’escalier qui menait au premier étage, une ventilation sifflotait bruyamment non loin du fameux Autoportrait au miroir. Le visage du peintre était complètement métamorphosé par l’effroi que lui inspirait le reflet de ses propres traits. Comme si, par l’effet terrifiant de l’image renvoyée, il se mettait à suffoquer. Etait-ce la solitude qui subitement lui apparaissait comme un gouffre ?
(extrait d’Être moi, toujours plus fort. Les paysages intérieurs de Léon Spilliaert, Arléa, 2020)