Champs de bataille labourés par les obus pendant la Première Guerre mondiale ; régions soufflées et rayées de la carte par la bombe atomique pendant la Seconde ; villes sinistrées par les catastrophes nucléaires et par les changements climatiques aujourd’hui… Notre regard a engrangé assez d’images de destruction pour que s’impose à l’art l’angoisse de l’après-paysage.
Recueil de textes épars unis dès le départ par une même question et réunis ici dans une version remaniée, Tout est paysage examine l’une après l’autre les œuvres de Monet, Twombly, Klee, Tàpies, Mušič, Mondrian, Morandi et Staël, comme autant de réponses possibles : comment, à quel prix, et avec quel profit la peinture de paysage s’est-elle réinventée au fil du XXe siècle, face au spectacle inouï de la destruction de son motif ?
Partant du mot de Dubuffet « Tout est paysage », Stéphane Lambert, avec cette approche poétique et personnelle de l’art qui fait sa singularité, tire un fil au travers du chaos d’un siècle, et montre comment la création trouve le moyen de composer avec ses propres décombres et de déborder ses limites pour « retenir dans le champ du vivant ce qui est voué à disparaître ».