Capitale d’un pays dont l’existence ne tient parfois plus qu’à un fil, Bruxelles est une ville à part, ni wallonne ni flamande. Une sorte de district insaisissable où se côtoient tout et son contraire. Ville sans nation, elle a trouvé asile dans la dérision, une manière de prendre la fuite en permanence ou d’exister à travers cette absence d’attachement. Elle est en tout cas une ville qui cherche, qui se cherche, s’accordant naturellement des audaces, devenant, sans y penser, un laboratoire européen, un lieu-dit de l’expérimentation. A l’heure d’une profonde mutation technologique où l’image a désormais remplacé ce qu’elle représentait, les arts de la scène ont remis à l’honneur le corps. Il n’est pas étonnant que cette volonté de renaissance, notamment à travers la transdisciplinarité, soit particulièrement présente dans cette ville malmenée où les humains ne trouvent pas d’autres mots que leur corps pour exprimer le mouvement qui les porte. Oui, à Bruxelles, sous le pavé de la bureaucratie, se meut en douceur une révolution souterraine (une culture underground), tel un peuple sortant de terre pour y reprendre sa place. Il y a ici comme une fraîcheur de nouveau monde.